Se retrouver face à un bâtiment, être obligée de s’adapter à lui, trouver les points de vue. Le contrôle entre mes mains, j’ai le temps de réfléchir, comme un jeu, il n’y a plus que lui et moi. Dans les débuts, je te perçois seulement à travers ce que tu montres au monde : ton esthétique, tes matériaux, tes couleurs. Je cherche à te rendre parfait. A force de te regarder, de me nourrir visuellement et personnellement, je décèle une partie de toi que je ne connaissais pas. En ouvrant cette porte, j’apprends à te regarder tel que tu es réellement, sans tes artifices, avec tes cicatrices, tes souvenirs. De là où je te vois maintenant, ma démarche s’affine, je ressens le besoin d’aller au contact de l’homme, d’échanger avec lui, de créer un lien. Voir à travers ce prisme m’anime et me permet d’être au cœur de mon projet.

Ma démarche photographique est centrée sur les espaces en transition. Mêlant architecture et portrait, je cherche à montrer comment les habitants sont liés à cet espace, cette architecture dans laquelle ils vivent au quotidien. Je tente de montrer ce que les gens ne veulent plus voir. J’approche le bâtiment comme j’approcherai un humain, j’apprends à le connaître, à travers ses différents points de vue, où chaque distance que j’aborde me rapproche un peu plus de son essence même. Aller à la source, découvrir par qui il est habité, en allant à la rencontre des habitants. Comme une enquête, je vais récolter des informations issues de supports multiples (journaux, écrits, sons, vidéos) et tenter de comprendre à quels points ces deux corps sont liés.